Le North American Navaho
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VIII. Le Lavochkine La-350 Burya
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Création/Mise à jour : 12/06/2003 |
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Les deux missiles étaient basés sur l’EKR de Korolev et avaient donc de nombreuses caractéristiques communes. Ils devaient emporter une ogive nucléaire sur 8500 kilomètres mais la charge nucléaire destinée au missile de Myassistchev avait une masse de 3500 kilogrammes contre 2200 kg pour celle destinée au missile de Lavochkine. Le bureau de construction de Mikhaïl Bondaryuk était chargé de la mise au point des statoréacteurs des missiles de croisière. Le système d'astro-navigation était développé par R Chachikyan tandis que G Tolstoysov mettait au point un système de navigation à inertie. Le missile M-40 « Buran » se composait de deux étages, un premier étage constitué de quatre boosters assemblés en botte d’asperges (le M-41) et un étage de croisière à statoréacteur (le M-42). Ces quatre boosters utilisaient des moteurs-fusée RD-212 construits par Glouchko et utilisant l’acide nitrique et le kérosène tandis que les deux boosters du La-350 avaient des moteurs-fusée développés par l’OKB-2 d’Isayev. Le M-40 était lancé verticalement d'un transporteur-lanceur conçu par VK Karrask. |
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Le M-40 avait une longueur de 24 mètres, une envergure de 11,6 mètres, une masse totale de 125 tonnes, et une vitesse maximale de 3200 km/h à 20000 mètres d’altitude. Plusieurs variantes de l'étage de croisière du Myassistchev M-42 furent étudiées. Une première variante était une version améliorée avec un système de navigation amélioré. Il y avait également une version pilotée avec un habitacle installé dans l'étage de croisière. A l’approche de la cible, le pilote s’éjecterait et se poserait en parachute, un concept extrême qui rappèle fortement le projet allemand A-6 étudié par Von Braun à la fin de la seconde guerre mondiale. En Aout 1956, des changements de spécification de la charge thermonucléaire conduisit Myassistchev à demander une puissance au décollage plus grande et Glouchko dut développer une version plus puissante des moteurs des boosters, les RD-213. La poussée des boosters passait à 220 tonnes au total. Les différents éléments du missile furent alors re-désigné « 41A » et « 42A ». L’étage de croisière « 42A » était équipé d’un statoréacteur RD-018A fourni par l’OKB-670 de Bondaryuk et d’une poussée de 13,5 tonnes à Mach 3,1 et 18 km d’altitude. |
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Pendant ce temps, Lavochkine avait progressé beaucoup plus vite et construisait déjà le premier missile « Burya » d’essai. Comme son concurrent, le La-350 « Burya » était composé de deux étages mais disposé d’une manière différente avec un corps central auquel étaient accolés deux accélérateurs à carburant liquide. Le corps central était, en fait, l’étage de croisière, un avion possédant un fuselage trapu, des petites ailes delta avec une flèche à 70° et un empennage conventionnel. La propulsion était assurée par un statoréacteur RD-012 (puis RD-012U) fourni par Bondaryuk et dérivé de celui qui devait équiper l’EKR de Korolev. Ce statoréacteur avait une poussée de 9 tonnes à Mach 3,15 et 18000 mètres d’altitude. Chaque accélérateur était équipé d’un moteur fusée à quatre chambres de combustion S2.1100 (puis S2.1150) de 68,4 tonnes de poussée chacun. Ces moteurs-fusée construits par l’OKB-2 du NII-88 étaient dérivés de ceux développés pour le missile R-11 de Korolev.
L’ensemble avait une longueur de 19,9 mètres et une masse de 96 tonnes, dont 33 tonnes pour le missile de croisière, charge nucléaire comprise. Celle-ci étant placée dans le nez du missile, derrière l’entrée d’air du statoréacteur. Ce dernier était placé à l’arrière de l’engin, entouré par des réservoirs de carburant annulaire. Le système de navigation était installé dans un compartiment sur le dos du missile. Ce compartiment qui ressemble à un cockpit (voir photo ci-dessus) était refroidis et possédait des fenêtres en quartz pour le senseur stellaire.
Le profil de vol du «Burya» était le suivant : l’ensemble décollait verticalement sous la seule poussée des boosters puis à 18 km d’altitude, le missile basculait horizontalement, prenait son cap et se mettait en route le statoréacteur, après avoir largué les deux accélérateurs. En raison de la vitesse atteinte par le missile, il était évident que l’échauffement cinétique du revêtement poserait de graves problèmes. On utilisa donc le titane pour la première fois dans l’histoire de l’aviation. Alexeï Milovanov se chargea des questions délicates liées à l’emploi de ce métal, notamment pour les soudures. |
Sources : Le Navaho : |
Le North American Navaho |