Le North American Navaho
|
|||
IX. Les essais en vol du Burya
|
|||
Création/Mise à jour : 12/06/2003 |
|
On construisit spécialement pour le La-350 « Burya » un polygone d’essais ultra-secret à Vladimirovka vers Kapustin Yar et, en août 1957, les préparatifs pour la campagne d’essais allaient bon train. Une première série d’essai devait valider le fonctionnement des boosters et la séparation avec un étage de croisière inerte. Après un tir avorté le 1er août en raison du blocage d’une valve sur un des boosters, le premier essai eut lieu le 1er septembre 1957. Ce fut un échec retentissant en raison de l’arrêt prématuré du générateur de gaz d’un booster. Après le décollage et quelques secondes de vol, l’engin retomba et explosa à proximité du pas de tir. Le second essai fut à peine mieux réussit car après trente secondes de vol, une turbopompe se bloqua, et le missile fut détruit par télécommande. La série noire continua avec les huit vols suivants puisqu’un seul tir fut une réussite totale, les autres des réussites partielles ou des échecs. Lors de ce vol du 22 mai 1958, l’étage de croisière se sépara normalement des boosters au bout de 90 secondes de vol à 17300 mètres d’altitude et à une vitesse de Mach 2,97. L’allumage du statoréacteur se fit également sans problème et le vol dura deux minutes au total. La série de tests suivante commença avec le douzième vol du La-350 et fut beaucoup plus réussie. Lors de ce vol du 29 mars 1959, la phase d’accélération, la séparation et l’allumage du statoréacteur se déroulèrent parfaitement. L’engin vola pendant 25 minutes, parcouru 1350 kilomètres et atteignit la vitesse de 3300 km/h, la plus élevé jamais atteinte jusqu’alors en URSS pour un appareil ailé. A cette date, le record absolu de vitesse pour un avion était de 3369 km/h sur X-2 depuis le 27 septembre 1956. Le record sera battu en août 1960 par Joseph Walker sur X-15 avec 3534 km/h. Le La-350 n’était pas piloté mais cela en dit long tout de même sur le niveau de performance atteint. |
|
Lors du treizième essai, le 20 février 1959, le tir avorta à cause d’une erreur du système d’arrêt automatique des moteurs-fusée des boosters. Le véhicule fut finalement tiré le 19 avril 1959 et battit son record de vitesse avec Mach 3,15 (3500 km/h) après 33 minutes de fonctionnement et 1766 km parcouru. C’était donc le record de vitesse absolu pour un véhicule ailé à cette date ! A partir du quinzième vol, le 2 octobre 1959, le moteur-fusée amélioré Isayev S2.1150 remplaça le S2.1100 sur les boosters tandis que le statoréacteur RD-012U prenait la place du RD-012 sur l’étage de croisière. L’engin vola 10 minutes et atteignit la vitesse de Mach 3,2. Enfin, les 20 février, 23 mars et 16 décembre 1960, « Burya » parcouru respectivement 5500 km, 6500 km et 6450 km lors des vols 16, 18 et 19. C’était les derniers vols de « Burya » et les plus réussi. Lors du vol 18, la masse totale du missile était de 97215 kg dont 34680 kg pour le véhicule de croisière. La durée du vol fut de deux heures et quatre minutes, l’altitude maximale de 24500 mètres et la vitesse culmina à Mach 3,2. Le « Buya » était donc bien plus réussi que le Navaho mais, Semyon Lavotchkine n’était plus là pour vérifier la justesse de ses vues, il s’était éteint le 10 juin des suites d’un arrêt cardiaque.
|
|
A la fin de 1960, les Soviétiques se retrouvaient donc avec deux vecteurs pour lancer les charges thermonucléaires sur l’Amérique : la fusée R-7 de Korolev et le missile « Burya » de Lavotchkine. Cependant, le missile de Korolev était très supérieur au missile de Lavochkine en raison de sa vitesse beaucoup plus élevé rendant l’engin invulnérable. La R-7 ne fut pas mise en service comme missile intercontinental mais les ICBM surclassaient les missiles de croisière intercontinentaux et le 5 février 1960, une décision spéciale du gouvernement soviétique, alors dirigé par Nikita Khrouchtchev, mit fin au programme « Burya ». Les Américains prirent la même décision avec le Navaho quand le missile Convair Atlas (voir histoire du X-11) eu fait ses preuves. Quant au Myassistchev « Buran », il était en cours de préparation pour son premier vol quand le projet fut annulé en novembre 1957. Sergueï Korolev s’éloigna rapidement des missiles stratégiques pour se consacrer à la conquête de l’espace. Grâce à sa R-7, il avait déjà lancé le premier satellite artificiel Spoutnik puis le premier être vivant dans l’espace. Les missiles stratégiques furent développés par les constructeurs Vladimir Tchélomeï et surtout Yanguel. Quant à Mstislav Keldysh, qui avait été l’initiateur du programme, il fut nommé président de l’Académie des sciences. |
Sources : Le Navaho : |
Le North American Navaho |