Les intercepteurs à moteur-fusée
|
|||
XI. Le Heinkel P.1077
|
|||
Translate :
![]() ![]() ![]() |
Création/Mise à jour : 13/05/2003 |
|
Le Heinkel P.1077 était un autre compétiteur du concours du RLM pour un intercepteur de défense de zone. C'était le concurrent le plus direct du Bachem Ba-349 Natter et il était d'ailleurs très comparable à ce dernier. Au début de l'été 1944, W. Benz et le Dr. Gerloff commencent les études de développement du nouvel appareil. Des documents datées du 19 août 1944 montre un petit avion à moteur-fusée de formule « tail-sitter » bi-dérive avec un fuselage presque circulaire. La propulsion proposée était un moteur-fusée Walter HWK 109-509C qui comportait des chambres de combustion séparées pour le décollage (1700 kg de poussée) et la croisière (300 kg de poussée) et, montés de chaque côté du fuselage, deux ou quatre boosters d’appoint Schmidding 533 (1000 kg de poussée chacun pendant 12 secondes) pour le décollage. Les skis et les saumons d'aile renforcés devaient coulisser dans les rails-guide de la rampe de lancement qui pivotait sur sa base pour permettre à l'avion d'être « chargée » en position horizontale. Les boosters Schmidding étaient largués automatiquement après usage et l'accélération initiale ne devait pas dépasser 2 g. Un pilote automatique trois-axe assurait automatiquement le guidage de l'intercepteur dès que les boosters étaient largués. Le pilote devait déconnecter le pilote automatique et passer en commande manuelle à environ deux ou trois kilomètres de la formation de bombardier qu'il devait attaquer. Ce pilote automatique servait également à diriger l’appareil sur la bonne trajectoire en cas d’évanouissement du pilote au décollage le temps que le pilote retrouve ses esprits ! L'armement était composé de deux canons spéciaux MG 151/20. L’appareil construit en bois faisait 6.98 mètres de long, 4.6 mètres d’envergure et 2.0 mètres de hauteur. |
|
Le 8 septembre 1944, le ministère de l'aviation allemand (RLM) commande la construction de 20 prototypes. Heinkel transfère alors la construction des prototypes aux ateliers de Vienne. En plus des techniciens, ouvriers et charpentiers, l’équipe du P.1077 était constitué du chef pilote Ludwig Hoffman, la conception étant assurée par le professeur Schrenk et l’ingénieur Kottner sous le direction de W. Benz. En octobre 1944, des ordres sont donnés pour construire 300 machines par mois. Heinkel proposa plusieurs versions du « Julia », par exemple une version avec quatre boosters d’appoint fixés sur les côtés du fuselage, un moteur-fusée Walter amélioré et quatre canons MG 151/20 montés en pod à la place des Mk-108. Une autre variante, codé « Julia II », avait deux skis pour l’atterrissage et un pilote en position assise normale. Une version simplifiée du "Julia", codé "Romeo", fut également envisagée avec un pulsoréacteur à la place du moteur fusée. Le Julia était un monoplace avec une structure en bois extrêmement simple et une envergure de seulement 4.6 mètres (surface alaire de 7.21 m2). Le Julia I avait une masse de 1800 kg au décollage (après largage des boosters) et une charge alaire de 249 kg/m2. Quand au « Julia II », avec pilote assis de manière conventionnelle, il avait une masse en vol légèrement supérieure avec 1840 kg. L’appareil embarquait 222 kg de C-Stoff (un mélange de méthanol et d’hydrazine) et 700 kg de T-Stoff (un puissant oxydant : peroxyde d’hydrogène à 80 %). Une fois le carburant et les munitions consommés, le retour à la base en vol plané était effectué à une masse d'environ 725 kilogrammes. L'atterrissage était fait sur un train à skis munis d’amortisseurs oléopneumatiques, la partie avant des skis, située sous l'habitacle, était déployé pour absorber l'impact initial. |
|
L'armement comportait deux canons de 30 mm Mk 108, montés sur les cotés du fuselage avant avec soixante obus par armes, et qui tiraient avec un angle de +8,6 degrés par rapport à l'horizontal. Les calculs de performances prévoyaient une vitesse maximale de 980 km/h à 5000 mètres et une vitesse ascensionnelle initiale de 12 000 mètres par minute. Une altitude de 5000 mètres pouvait être atteinte en 31 secondes et une altitude de 15 000 mètres en 72 secondes. La distance franchissable sur la poussée de la chambre de croisière était d’environ 65 kilomètres à 800 km/h. Le 26 octobre 1944, Heinkel décide de construire la version avec le pilote installé en position allongé. Par rapport aux études préliminaire, le fuselage était inchangé, les ailes gardaient leur forme rectangulaire pour faciliter la production en série. Par contre le stabilisateur vertical bi-dérive était abandonné en faveur d’une dérive classique. Le décollage du « Julia » se faisait verticalement puis l’appareil atterrissait en vol plané sur des skis au contraire du Bachem "Natter" qui était partiellement récupéré par parachute en vue d’une éventuelle récupération de certains éléments. Heinkel proposa également une version du « Julia » à décollage conventionnelle qui utilisait un chariot largable à trois roues très semblable à celui proposée pour le Junkers EF 127 et qui permettait avec les quatre boosters Schmidding de décoller en moins de 350 mètres. En octobre 1944, le développement se poursuivait sur une maquette volante au l/20. Au même moment, Heinkel proposa de produire le P-1077 avec le pilote assis de manière conventionnelle, un empennage modifié, et des ailes plus épaisses et de plus petite envergure. Finalement, il fut décidé de produire les deux versions. Vers la fin 1944, les essais de vitesse et d’atterrissage avec les modèles réduit étaient achevés ainsi que des essais de différentes configuration d’empennage. |
|
Après une attaque aérienne sur les ateliers de Vienne et la destruction de la maquette d’aménagement et de divers composants des prototypes, Heinkel décide d’installer l’atelier de construction des cinq premiers prototypes à KremsMonau ou un personnel très qualifié venait d’achever le premier He 162. Heinkel décida d’améliorer l’appareil en changeant la configuration du train à skis, en installant un siège éjectable et en rallongeant le fuselage pour loger un réservoir de carburant plus grand. Finalement, Heinkel put lancer la fabrication de deux prototypes non motorisés et deux équipés de leur moteur-fusée Walter. Les deux prototypes non motorisés étaient achevés à 90% au moment de l’abandon du programme.
|
Sources : The Hellmuth Walter Website |
Les intercepteurs à moteur-fusée |